Croissance et démocratie, un couple à réinventer

Note de lecture de Pierre Charbonnier, Abondance et liberté, Une histoire environnementale des idées politiques, La Découverte, 2020

C’est un ouvrage un peu long, mais partager une conviction forte : il est possible de faire advenir une écologie politique à la hauteur des enjeux de la crise de la biosphère, à condition de réinventer l’idéal de liberté hérité de la Révolution française, et de l’associer à la protection du territoire comme garant de notre liberté. Il est possible de choisir une Lire la suite « Croissance et démocratie, un couple à réinventer »

Lazare, le riche et le climat

Evangile Luc 16, 19-31, Lazare et le riche

Le riche était dans la fournaise, et il demande à Abraham de lui envoyer Lazare avec un doigt mouillé pour le rafraîchir. Abraham refuse, personne ne peut franchir l’abîme qui les sépare, ni dans un sens ni dans l’autre. Alors le riche lui demande d’envoyer Lazare sur la terre pour porter témoignage auprès de ses cinq frères. Abraham lui répond que ses frères ont Moïse et les prophètes et que s’ils ne les écoutent pas ils n’écouteront pas plus quelqu’un qui revient de chez les morts.

Nous avons eu les avertissements d’Henri David Thoreau, d’Ivan Illich, Jacques Ellul ou Arne Naess, et aujourd’hui de si nous n’écoutons pas le pape François et les prophètes d’aujourd’hui, comme Jean Jouzel, Nicolas Hulot, Bernard Hallet, Pierre Rahbi, Cecile Renouard… Nous n’écouterons pas plus ceux qui reviendraient du royaume des morts. C’est à dire ceux qui seraient la preuve, mort-vivante, du devenir de ceux qui ne croient pas.

La preuve ne change pas le cœur de l’homme. L’acceptation de sa pauvreté seule peut le conduire à changer.

Une autre façon de le dire est que « Nous ne croyons pas ce que nous savons ». Le savoir est nécessaire, mais il peut seulement étayer la conviction. C’est mon cœur qui doit changer, ma tentation du pouvoir sur la nature, les autres, le temps et les événements, que je dois abandonner, pour pouvoir comprendre ce qui nous arrive, ce que nous faisons à la nature et aux hommes, à la Création, donc au Dieu créateur.

Ceux qui contestent la nécessité de reconnaître nos limites ou de réduire notre consommation ne croient que ce qu’ils voient. Comme ils ne voient pas le CO2, l’acidité des océans, les radiations nucléaires, ils ne croient pas que notre environnement est attaqué. Ils sont comme Saint Thomas qui ne voulait pas croire que Jésus était ressuscité. Il ne s’agit pas de dire que la foi en Dieu est de même nature que la reconnaissance du changement climatique, nous ferions la même erreur que ceux qui parlent de foi dans le progrès. Mais c’est la question de l’invisible qui est posée.

Le climat pourrait changer l’horizon du politique ?

Bruno Latour publie un article fort intéressant sur l’évolution de la politique (Le Monde 13 janvier 2016). Pour lui, cela fait 30 ans que les politiques et les dirigeants économiques ne croient plus que le progrès peut nous conduire vers un monde meilleur. Ayant abandonné cet espoir, ils se sont réfugiés dans leurs ghettos, les inégalités ont explosé, laissant les pauvres à leur sort. On peut faire la relation avec les travaux d’Éric Maurin (le ghetto français) et de Piketty sur les inégalités.

Dit autrement, le débat politique fonctionnait selon un vecteur conservateurs/terroir -> progressistes/mondialisation. Ces deux pôles étaient reliés par l’espérance d’un monde à venir. Il n’y a plus d’espérance, donc plus de lien entre les deux pôles. Les riches se sont réfugiés dans leur monde. C’est parfois visible comme dans les quartiers où les villes protégés par des murs ou des barbelés.

C’est le thème connu de la société duale des années 1970, mais une société duale sans relation entre ses deux pôles.

 

Et pourtant il y a un espoir que cela change. Pour remettre en relation le pôle des pauvres/terroir et les riches/mondialisation, il faudrait que ces deux pôles puissent être reliés avec le sommet d’un triangle qui serait le climat de la planète, donc la planète elle-même. C’est tout l’enjeu de l’accord de la COP 21.

L’holocauste comme avertissement, selon Snyder

Note de lecture, Arnaud du Crest

Thimoty Snyder, Black earth, the holocaust as history ans warning, Duggan boots, New York, 2015

En italiques : nos propres commentaires

Ce livre de Timothy Snyder est d’actualité. L’Ukraine est, comme en 1938, au centre d’une confrontation entre deux puissances, la Russie tente de repousser ses frontières comme Staline le tentait en 1939. Son titre, Terres noires, désigne ces terres fertiles des plaines d’Ukraine.

La relation entre science et politique, dont Snyder fait une composante forte de Lire la suite « L’holocauste comme avertissement, selon Snyder »

Comment tout peut s’effondrer

Comment tout peut s’effondrer, Pablo Servigne et Raphaël Stevens, éd. du Seuil, 2015
Note de lecture

Ce que j’ai trouvé de plus intéressant dans cet ouvrage est la distinction entre frontières et limites (p 38), une notion que j’approchais jusqu’ici de façon intuitive sans pouvoir la formaliser. Sur la position à adopter face au risque d’effondrement, les réflexions aident à se représenter les enjeux et les pistes d’action.

Frontières et limites
Les limites sont définies par ce qui ne peut pas être dépassé, les stocks de ressources fossiles par exemple, les frontières par ce qui peut être dépassé comme la concentration de Lire la suite « Comment tout peut s’effondrer »

Tout peut changer, Naomi Klein

Tout peut changer, Naomi Klein, Actes Sud, 2015

Les premiers chapitres ce livre sont intéressants, ensuite moins, c’est le classique empilement de données, de faits, de synthèses des ouvrages anglo-saxons sur des sujets souvent déjà traités. Néanmoins, ne boudons pas le début ni les formules percutantes, l’auteur est journaliste.

Chapitre 1 Le capitalisme

Pour commencer, NK passe en revue les raisons pour lesquelles, malgré tout ce qui est dit et écrit, nous ne changeons pas. Foin des raisons sociologiques, psychologiques ou autres, Lire la suite « Tout peut changer, Naomi Klein »

Les guerres du climat

Note de lecture

Harald Welzer, Les guerres du climat, Gallimard, 2009

Arnaud du Crest

Harald Welzer est un psychosociologue allemand, qui est donc à même d’explorer la question qui reste posée, après avoir examiné les causes, l’état et les conséquences des changements climatiques : pourquoi ne croyons-nous pas à ce que nous savons ? Il le fait en gardant en permanence à l’esprit la dernière catastrophe planétaire, le nazisme. Lire la suite « Les guerres du climat »