L’holocauste comme avertissement, selon Snyder

Note de lecture, Arnaud du Crest

Thimoty Snyder, Black earth, the holocaust as history ans warning, Duggan boots, New York, 2015

En italiques : nos propres commentaires

Ce livre de Timothy Snyder est d’actualité. L’Ukraine est, comme en 1938, au centre d’une confrontation entre deux puissances, la Russie tente de repousser ses frontières comme Staline le tentait en 1939. Son titre, Terres noires, désigne ces terres fertiles des plaines d’Ukraine.

La relation entre science et politique, dont Snyder fait une composante forte de la politique d’Hitler, constitue de fait l’enjeu des débats sur l’avenir de notre climat : la science doit-elle guider la politique, peut-elle éviter des décisions politiques, la politique peut-elle ne pas prendre en considération les connaissances scientifiques ?

Les critiques lors de la sortie du livre en novembre se sont polarisées sur ce seul point de savoir si Hitler soutenait, ou non, la recherche scientifique pour sécuriser l’autonomie alimentaire des Allemands, si sa stratégie d’extension territoriale de son espace vital (Lenbensraum) n’était motivée que par la conviction que la science ne suffirait pas pour augmenter suffisamment la production sur le territoire allemand pour sa population. Mais ce livre est beaucoup plus riche et pour tout dire il n’est pas si important de se demander ce que pensait Hitler des potentialités de la science agronomique, l’important est qu’il ne faisait pas de différence entre science et politique, car il considérait qu’il ne devait pas y avoir d’idées politiques, seulement des rapports de force, seulement la lutte pour la vie (Struggle for Life), dans une conception pervertie du darwinisme.

Alors oui, Snyder donne beaucoup d’importance à la science, et il affirme que la science peut résoudre les questions climatiques. Mais même si l’on n’est pas d’accord avec cette position, il y a quantité d’enseignements à retirer de son travail, sur la recherche d’espace vital, la relation science et politique, le rôle de l’Etat, l’écologie radicale.

Introduction : le monde selon Hitler

L’introduction pose d’emblée toute la thèse de l’ouvrage. Pour Snyder l’Holocauste n’est pas qu’une histoire, c’est aussi un avertissement pour les temps présents. La lutte pour l’espace et les ressources vitales fut la motivation d’Hitler, c’est l’enjeu des temps à venir.

Avant d’examiner la pratique d’Hitler, Snyder en présente les fondements théoriques, qui résonnent étrangement avec les débats d’aujourd’hui. La conception des relations internationales dérivait directement de ses conceptions écologiques.

Pour Hitler l’homme est une espèce comme les autres dans la nature, et la lutte pour la vie est son lot. Ne pas lutter est se condamner à disparaître. Il est donc légitime de lutter contre les autres espèces. Il réfute la distinction nature culture (mais pas pour vivre en harmonie avec la nature!), la capacité de l’homme à distinguer le bien du mal. Il n’y a pas de bien et de mal, juste une lutte pour la vie.

Il étend, comme nombre de ses contemporains, la théorie de la sélection naturelle de Darwin à la société humaine et au marché. Que les plus forts gagnent, sinon ils disparaîtront (c’était, rappelons-le, une période où les idées de l’eugénisme dominaient). C’est donc un crime contre l’espèce que d’introduire des règles qui diminuent la capacité de certains à se battre.

Pour lui la lutte n’est pas un but, c’est la nature même de la vie. Il réfute les notions de classe sociale et d’individus, seule compte la race – biologique.

Il relit et réinterprété la tradition chrétienne : Le pain quotidien signifie la lutte, pas une relation métaphysique. Si je dois accepter un commandement divin, écrit Hitler, ce serait « Tu dois préserver l’espèce ».

L’interprétation de la Genèse par Hitler peut se résumer, selon Snyder, de la façon suivante : les dons de la nature sont faits pour l’homme, mais seulement pour l’homme qui suit les lois de la nature et se bat pour elles. Donc pas pour tous les hommes mais pour les races triomphantes. Le paradis n’est pas un jardin mais une tranchée.

Pour Hitler le péché originel n’est pas celui de la chair, mais celui de l’esprit. Le péché originel c’est de penser, de penser que d’autres peuvent être reconnus comme êtres humains, de penser être capable de reconnaître la différence entre le bien et le mal. Mais comme les hommes ne sont rien d’autre qu’un élément de la nature, il a fallu qu’un facteur étranger, ni humain ni naturel, corrompe l’espèce. C’est le serpent dans la Genèse, le Juif dans l’histoire puisque c’est ce peuple qui a introduit l’idée que l’homme était au-dessus des autres animaux et qu’il pouvait décider lui-même de son devenir. Mais pour Hitler l’idée que la raison puisse triompher de l’instinct signifiait la fin de l’espèce humaine : « alors la couronne de la victoire sera la couronne funéraire de l’espèce humaine.

Donc pour Hitler l’éthique, toute éthique, est une erreur, la seule morale est la fidélité à la race. Les massacres sont un sacrifice nécessaire au maintien de la race.

Pour Hitler l’enseignement de Jésus a été perverti par Paul qui en a fait un nouvel universalisme au bénéfice des faibles. Pour lui il n’y a pas non plus d’histoire, mais seulement des événements pour la préservation de la race.

Promouvoir une non séparation entre nature et culture (ou un dépassement de la distinction nature culture, Descola) peut donc être positif si cela nous conduit à respecter la nature, mais aussi dangereux si nous, ou certains, en tirent la conclusion que puisque nous sommes comme la nature, nous devons nous conduire comme des bêtes. Une troisième tendance (écologie radicale) est de dire que puisque les espèces naturelles ont autant de droit que nous de vivre, nous devons réduire notre population. On pourrait dire qu’il y a une option haute, considérer que la nature a autant de droits que nous, les promoteurs les plus connus étant les défenseurs des droits des animaux, ou les vegans qui ne veulent pas manger plus que le fruit des végétaux; et une option basse, nous considérer comme des animaux sauvages, donc au contraire un monde sans droits, et adopter la position selon laquelle dans la nature c’est la loi de la jungle, alors qu’il y a dans la nature beaucoup d’autres modèles, comme le mutuellisme, la complémentarité et la réciprocité.

Rien n’est simple…

Après la défaite de 1918, qui vit la victoire des faibles, et après le blocus anglais qui provoqua des famines en Allemagne, l’objectif d’Hitler est double : conquérir des territoires, éliminer la cause des malheurs de l’humanité, les Juifs. Coloniser les territoires périphériques, et libérer les peuples soumis à la colonisation des Juifs.

La lutte contre les Juifs était une lutte de nature écologique, contre l’infection spirituelle qu’ils représentaient. Le raisonnement d’Hitler était circulaire : toute question écologique avait une réponse politique, toute question politique avait une réponse en relation avec la nature.

Faire une équivalence entre nature et politique c’est non seulement abolir la politique mais aussi la science, tout en reconnaissant les avancées de la technologie.

La science agronomique pose un problème dans la mesure où si l’on peut produire plus sur un même territoire, la conquête n’est plus justifiée. Il considère donc que la science agronomique est arrivée à son maximum et que l’on ne pourra pas améliorer encore les rendements. Il maintenait que  » l’homme n’a jamais conquis la nature en aucune manière ». (Ceci est contesté dans sa pratique où il aurait soutenu les recherches agronomiques, mais pas dans sa théorie).

Si l’on tente une première synthèse de cette introduction, on peut dire que la position d’Hitler comprend à la fois des bases communes avec le christianisme sur le péché originel (tentation de l’homme à penser pouvoir distinguer le bien et le mal), reconnaissance de l’homme comme un élément de la nature (au moins dans Laudato si),

et qu’il s’y oppose largement, sur l’existence même d’une différence entre le bien et le mal, la spécificité de l’homme dans la nature, la distinction entre nature et politique, la sélection naturelle, l’histoire, la place des sciences.

Par rapport aux courants de pensée écologiques, il y a des parentés avec l’écologie radicale sur les relations homme nature, la place de la politique, la science, mais, comme on l’a dit plus haut, dans une option « bêtes sauvages » et non dans une option haute de respect des droits.

Il y a aussi des rapprochements avec le libéralisme économique sur la conception de la sélection naturelle élargie au domaine social, la négation des classes sociales, mais aussi des oppositions sur le rapport à la nature, la place de la politique et de la science.

En résumé, on peut donc considérer que la position d’Hitler est fortement inspirée par l’écologie radicale (Homme nature, nature et politique, science); teintée de libéralisme économique sur le plan de la concurrence et du darwinisme social, mais s’en écartant sur les relations homme nature, la politique et surtout la science. Un grand danger nous menace, qui serait le rapprochement, de nouveau, du libéralisme économique et d’une conception homme nature qui considérait l’homme comme un simple élément de la nature, sans caractère spécifique ou dimension divine.

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La destruction des États (chapitre 4)

La destruction des États

La stratégie nazie a été de détruire systématiquement les institutions des États conquis, de manière à remplacer les États de droit par « la lutte pour la vie » comme seule règle.

Une stratégie analogue à celle des multinationales qui tentent par tous les moyens de limiter les pouvoirs des États, en imposant des tribunaux arbitraux à la place des accords entre États (projet d’accord TAFFTA), en imposant que les règles du commerce soient au-dessus des règles de protection de l’environnement (règle de l’OMC).

Les nazis ont utilisé délibérément la violence envers les populations qui pouvaient faire obstacle à leur projet d’extension de leur espace vital (Lebensraum). Hitler détruisait les structures d’Etat au nom de la nature, pour rendre les territoires à l’état primitif, sans loi, sinon celle du plus fort. Les nazis considéraient les pays conquis ou à conquérir comme des champs de ressources, sans droit.

Les sociétés d’extraction du pétrole, du gaz ou du charbon, des terres rares, les sociétés de production de soja ou d’huile de palme, etc., utilisent délibérément la violence envers la nature, détruite comme s’il s’agissait d’un territoire sans vie ni loi, mais aussi envers les populations humaines qui les habitent et en vivent. Les nazis ont considéré l’Autriche ou la Pologne comme des territoires dont les populations non germaniques n’avaient aucun droit, ces peuples ont été traités comme nous pouvons traiter des animaux sauvages ou des végétaux. Comme nous considérons les territoires exploités pour leurs minerais par exemple comme de simples champs de ressources, indépendamment des populations animales et végétales qui y vivent.

La citoyenneté et le respect du vivant

Hitler a occupé la Pologne comme si c’était un territoire vierge, occupée par des individus non gouvernés. Il a détruit toute citoyenneté en détruisant toute vie civique de voisinage. La citoyenneté nécessite une réciprocité.

C’est tout le problème des autres êtres vivants, nous pouvons leur reconnaître des droits, ils ne peuvent pas nous rendre la réciproque. Nous développons ci-après cette idée, que l’on ne trouve pas chez Snyder. Mais que l’on ne se méprenne pas. Si nos propos peuvent apparaître proches d’une écologie radicale, notre intention est plutôt de réfléchir à l’exigence de respecter l’homme et la nature. Nous pensons à la description que fait Descola des indiens faisant un feu pour offrir aux Dieux l’esprit d’un caribou qu’ils ont tué pour manger, ou à ceux qui prononcent un hommage à l’arbre qu’ils vont abattre, à la sueur de leur front, et avec respect. Ou à la façon dont le pape François nous invite à « une conscience amoureuse pour ne pas être déconnecté des autres créatures »(Laudato si 220).

Nous occupons des territoires naturels pour en faire des parkings ou des aéroports en considérant que ce sont des terres vierges, puisqu’elles sont vierges de construction. Les populations animales et végétales sont pour nous des populations perçues comme sans droits, quelles que soient les protections juridiques qui ont été édifiées depuis plusieurs dizaines d’années. Des droits sont progressivement accordés aux animaux, bientôt aux écosystèmes, mais cela n’a encore rien à voir avec la protection du droit de propriété accordée aux hommes. Il est d’ailleurs intéressant de rapprocher l’invention du droit de propriété au XVIIe siècle et le dépérissement de la notion de droit appliquée aux animaux au moyen- âge, où les animaux pouvaient faire l’objet d’un procès, étaient donc des sujets de droit.

La ghettoïsation des juifs a été une façon de leur retirer l’identité citoyenne. La création de parcs naturels est apparemment une façon de protéger les espèces animales et végétales, mais n’est-elle pas aussi une façon de les reléguer ? De refuser de vivre avec tout en les respectant ?

Dans les pays occupés on ne voit plus les juifs qu’en colonnes de travail, de la même façon que l’on ne considère les animaux que lorsqu’on les voit au travail ou en exploitation, les végétaux que s’ils sont alignés dans les champs en attendant d’être moissonnés; les animaux et les plantes sauvages étant là pour la satisfaction esthétique de l’homme, pas pour eux-mêmes.

Snyder raconte qu’un nazi qui exécutait un enfant juif de deux ans avait déclaré  » Tu dois mourir pour que nous puissions vivre ». Ce qui conduit à ne ressentir aucune culpabilité. Il n’y avait aucune réciprocité à attendre des relations entre les groupes humains, pas plus que n’en concevons dans nos relations avec les autres espèces. Nous pourrions dire la même chose aux animaux et aux végétaux. C’est juste l’éternelle guerre entre les races, la guerre contre les juifs n’était donc pas immorale, pas plus que ne l’est la nôtre contre la nature. Quand nous passons le bulldozer sur un terrain il ne reste rien, comme lorsque les nazis ont détruit le ghetto de Varsovie.

Le bouc émissaire

Snyder développe la théorie du bouc émissaire dans les deux dimensions, socioéconomique et climatique.

Socio-économique. L’une des raisons de l’hostilité des polonais envers les juifs était le chômage de masse, les polonais jalousaient ces juifs qui avaient du travail.

Climatique. De nombreux pays subissent les dérèglements climatiques sans pouvoir faire de relation avec des causes locales, la tentation est alors forte de trouver comme responsables des groupes extérieurs. Quand le problème est global, comme l’est la question climatique, il est tentant de trouver un ennemi global. Ce pourrait être à nouveau les juifs, ou les musulmans, ou les gays (cf. en Russie), ou le capitalisme occidental…

L’une des raisons de la poursuite de l’extrativisme (Naomi Klein) est la peur du chômage. Pour beaucoup, mieux vaut détruire la nature que risquer d’augmenter le chômage. Pour les polonais des années 1930, la mise à l’écart des juifs pouvait réduire le chômage. Mais la destruction d’une population, juive, animale ou végétale, n’a jamais résolu un problème qui a d’autres causes.

Les deux convergences avec 1939

Nous avons déjà noté l’analogie entre la crise financière de 2008 et l’entrée en guerre de 1939, liées toutes les deux à la fin d’un cycle de productivité.

Une autre analogie apparaît dans Black Earth, un refus de voir le danger. Le danger nazi en 1939, avec par exemple les accords de Munich qui valident l’annexion de la Tchequie par l’Allemagne, le danger en 2015 avec la poursuite des explorations pétrolières, la validation des prévisions d’augmentation d’émissions de gaz à effet de serre à la COP 21. Les refuser aurait été le signal d’un conflit et l’impossibilité d’un accord, c’est comme à Munich.

L’effondrement démocratique

On parle beaucoup d’effondrement pour des raisons écologiques ou économiques, mais l’effondrement peut être aussi démocratique. Ainsi la capitulation des autrichiens le 11 mars 1938, sans opposition à la prise du pouvoir en Autriche par Hitler, alors que l’Autriche était un pays indépendant et démocratique. Un pays récent certes, créé de l’éclatement de l’empire austro-hongrois, mais qui avait réussi à exister. Attention donc à nos capacités de résistance interne.

L’Autriche avait été décrite comme un laboratoire pour la fin du monde par Karl Kraus en 1922.

Peut-on en dire autant du Quatar (70 t équivalent CO2 par personne) ?

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Conclusion : notre monde

La confusion des concepts, le bouc émissaire

L’occupation allemande a détruit les institutions qui pouvaient rendre plausible une réciprocité entre les hommes. En détruisant les structures d’Etat des pays occupés, ils créaient par là même les abysses dans lesquels le racisme et la politique se poussent l’un l’autre vers le néant.

La confusion entre science et politique permettait à Hitler de poser les questions politiques comme des questions scientifiques et inversement. Il se situait ainsi au centre d’un çercle, d’un monde parfait où la lutte raciale règne, seulement perturbée par l’influence juive. Il fallait donc éliminer les juifs pour restaurer l’harmonie sur la planète. C’est ainsi que Hitler a pu imposer sa stratégie de conquête territoriale au lieu de s’appuyer sur les progrès scientifiques en agriculture.

Aujourd’hui la même problématique se pose : saurait-on nourrir et fournir en énergie tous les habitants de l’Europe sans contrôler des territoires en Afrique et en Asie ? Les Chinois seraient-ils capables de nourrir et de fournir l’énergie à leur population sans contrôler des terres et des mines sur d’autres continents ?

La science peut-elle éviter les conflits territoriaux, générés par une confusion entre les deux sens de Lebensraum, mode de vie et espace vital, confort et territoire. Ou nous faut-il enfin dissocier confort et territoire, dont la confusion est dangereuse, voire mortelle.

En associant le passé (l’empire racial) et le futur (les risques alimentaires et écologiques), la pensée nazie a clôturé le temps (comme dans Star Wars), supprimé toute possibilité de contemplation et de prévision. Il ne reste plus que le présent, et au lieu de voir l’écosystème comme une ouverture à la recherche et une solution, Hitler dénonce un facteur supra naturel, les juifs, qui l’ont perverti. C’est la stratégie du bouc émissaire, (cf. René Girard), mais c’est aussi la représentation aujourd’hui des islamistes par une partie de l’Occident.

Aujourd’hui de nouveau les pays riches sont affrontés à la sécurisation de leurs approvisionnements. Comme Hitler l’a montré il y a deux options. L’une est le massacre de masse, la spécification d’un groupe humain comme la cause des problèmes écologiques, la destruction des États. La nécessité de maintenir un mode de vie, à Way of Life, justifie tout. Pour Snyder l’autre est la recherche scientifique, mais il évoque aussi, sans la développer, le danger de confusion entre espace et mode de vie.

Pour nous il y en a donc une troisième, la remise en cause de notre mode de vie, distingué, distinct, de notre espace vital, une option non retenue, non imaginable semble-t-il, par Snyder.

Hitler en tant que penseur a eu tort de confondre science et politique, mais en tant que politicien il a eu raison, cette confusion lui a permis de mener des actions radicales. Quand la catastrophe est à l’horizon, les solutions scientifiques apparaissent sans pertinence, les démagogues du sang et du sol sont sur le devant de la scène.

Aujourd’hui le débat apparaît être entre les tenants de la croissance économique, qui mettent en doute au moins partiellement les données scientifiques sur le climat et pour lesquels la science résoudra les problèmes, et les écologistes pour lesquels les données scientifiques sont à prendre au sérieux, mais pour qui la technologie ne pourra pas résoudre ces problèmes.

 

  La science et la technologie Données techniques sur le climat
Tenants de la croissance économique résoudront les problèmes Mises en doute au moins partiellement
Ecologistes ne pourront pas résoudre ces problèmes sont à prendre au sérieux

La solution est donc politique et non technique. Mais la politique peut prendre deux formes, défendre notre mode de vie et donc conquérir des territoires, confondre besoin et désir, ou remettre en cause notre mode de de vie et respecter les territoires.

Plus encore la politique doit être en capacité de choisir quel type de science peut répondre à ses objectifs. Aujourd’hui le choix d’une haute technologie à forte concentration de capital induit un pouvoir politique fort (ou faible et soumis aux détenteurs du capital), alors qu’une technologie de basse consommation énergétique et une production d’énergie décentralisée sont au contraire compatibles avec une politique démocratique et décentralisée.

 

Le rôle essentiel des structures d’État

Le changement climatique comme problème global risque de provoquer des victimes globales. On voit déjà en Afrique où les structures d’État sont faibles, se multiplier les conflits et les massacres. Les massacres du Rwanda illustrent une réponse politique à une crise écologique. Le développement des terres cultivées dans les années 1980 a été suivi d’une baisse des de loges en 1993. Le massacre des Tutsis par les Hutus était largement motive par la volonté de s’approprier leurs fermes.

La Chine est sans doute dans une situation plus mauvaise que l’Allemagne dans les années 1930. La superficie de terre arable par habitant est 40 % inférieure à la moyenne mondiale, et elle diminue d’un million ha par an. La Chine ne dispose que d’un tiers de la moyenne mondiale d’eau potable par personne. Et les Chinois ont eu l’expérience de la famine, comme les Allemands l’ont eu lors de la première guerre mondiale. Les Chinois développent des solutions techniques, mais ils développent aussi le contrôle de territoires proches (la Sibérie) ou plus lointains, en Afrique ou en Asie. Comme le dit le livre de l’exode (Ex 4,9)  » l’eau que tu prends à la rivière deviendra le sang qui coulera sur la terre desséchée ».

 

Lors de l’attaque de l’Ukraine par la Russie en 2013 les Russes ont utilisé les mêmes arguments que ceux d’Hitler : l’Ukraine n’avait pas de réelle existence, ou les Ukrainiens étaient des sous Russes, sans histoire, culture ou langue.

En soutenant les partis européens d’extrême droite, Poutine réhabilite le pacte Germano soviétique entre Molotov et Ribbentrop.

 

Au Moyen-Orient de plus en plus d’États deviennent plus faibles, les minorités se retrouvent sans droit. la destruction de l’État irakien en 2003 et les désordres politiques de l’été 2010 ont créé l’espace pour l’apparition de l’État islamique en 2013.

 

Une erreur commune des Américains est de croire que la liberté c’est l’absence d’autorité de l’État.

En Europe les explications avancées sur les causes de l’Holocauste sont, pour Snyder, également erronées. En bref, et sans doute de façon discutable, à gauche, la théorie de l’école de Frankfort considère les nazis comme l’expression d’une modernité exacerbée. C’est l’effondrement des suites du siècle des lumières (Adorno et Horkheimer). A droite l’école de Vienne (Hayek) considère que c’est l’extension de l’État de protection sociale qui explique l’apparition du racisme et qu’il faut donc déréguler et privatiser. Pour Snyder ces deux explications sont fausses, et dangereuses. C’est la confusion entre science et politique qui a permis le nazisme.

 

La confusion entre science et politique c’est de dire par exemple qu’il y a une seule solution technique. C’est la voie vers le totalitarisme. La pluralité des solutions et indispensable à la démocratie. Toute unicité, ou visée unidimensionnelle, est une belle image, mais circulaire comme logique et tyrannique comme politique. Le problème c’est que des politique vertes, par construction ouvertes et plurielles, ne seront jamais aussi attirantes que le sang rouge (la guerre) ou les terres noires (la conquête).

 

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Par rapport aux débats actuels, l’analyse des positions d’Hitler appelle à être très vigilant sur les points suivants :

  • Relation homme nature : oui l’homme est un élément de la création, mais un élément spécifique et différent des autres créatures.
  • Nature et politique : la politique est un espace de liberté et responsabilité de l’homme, elle n’est pas dictée par les impératifs naturels. Attention aux raisonnements mécaniques.
  • Science : il y a des limites, la science n’est pas la réponse à tout, mais c’est une dimension de l’humanité, une spécificité de l’homme,
  • Concurrence : le modèle de la concurrence va à l’encontre d’un projet humaniste.

 

En 1938 les puissances occidentales autorisent l’Allemagne à annexer la Tchécoslovaquie (accord de Munich). En 1939 l’Allemagne engage une guerre mondiale pour étendre son espace vital et sécuriser son approvisionnement alimentaire en visant en particulier d’annexer l’Ukraine.

 

En 2015 les puissances économiques imposent à la Cop 21 un accord qui valide une augmentation des gaz à effet de serre jusqu’en 2025.

Des groupes armés chassent des populations de leurs terres pour étendre leur territoire de manière violente au Proche-Orient et des gouvernements font de même par des procédures de type commercial néocolonialiste en Afrique. L’Ukraine est de nouveau convoitée.

L’humanité continue de chasser des animaux et des espèces végétales de leur habitat pour y implanter des cultures industrielles ou creuser des puits de mine.

 

Aussi « comprendre l’Holocauste est notre chance, peut-être la dernière, de préserver l’humanité. »

 

 

 

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