Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes

Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes, La Découverte, 2022 (1991).

Cet ouvrage a déjà 30 ans, mais il reste très actuel. La disparition de Bruno Latour est l’occasion de s’y replonger.

Attila et le poisson surgelé. Ce sont deux images fortes de la lecture stimulante de cet essai. Ce ne sont pas seules, mais elles m’ont marqué. Il n’est pas possible de résumer un essai aussi foisonnant, mais je voudrais souligner quelques points clefs pour moi.

Auparavant, je me hasarde à résumer ce qui me semblent des principes d’action.

Lire la suite « Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes »

La relation entre les chrétiens et l’écologie

Quelle est la relation entre les chrétiens et l’écologie, me demande-t-on. Voici quelques réflexions

L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur, disait Ignace de Loyola.

Louer, c’est le début de la conversion écologique, louer, admirer, remercier pour tout ce qui a été créé. C’est tellement beau.

Lire la suite « La relation entre les chrétiens et l’écologie »

Crise climatique : réveillons nous !

Le résumé technique du groupe 3 du 6ème rapport du Giec, paru en avril 2022, est à la fois inquiétant et mobilisateur.

Inquiétant dans les constats.

Nous continuons à augmenter la consommation d’énergie et les émissions de GES – Gaz à effet de serre (59 Gt équivalent CO2) de l’ordre de 1,3% par an, à ce rythme nous aurons consommé tout notre bilan carbone restant (510 Gt) de 2019 à 2030 et il ne faudrait alors plus émettre aucun GES si nous voulons avoir suffisamment de chances pour limiter la hausse de la température à 1,5° C ou 2° C.

Lire la suite « Crise climatique : réveillons nous ! »

Les formes du visible

Philippe Descola, Les formes du visible, Seuil, 2021

Cet ouvrage applique aux images, à l’art, la théorie des quatre types de relation homme/nature : animisme, totémisme, naturalisme, analogisme. Quatre visions du monde.

Cette note est très réductrice, c’est une sorte d’aide-mémoire pour se repérer dans les 660 pages de l’ouvrage qui donne une vision mondiale d’une ethnologie de la représentation, et pas de toutes les représentations, ce n’est sans doute pas possible, mais de celles qui peuvent éclairer, illustrer, la théorie des relations homme/nature développée dans le précédent ouvrage de Philippe Descola, Par delà nature et culture.

Lire la suite « Les formes du visible »

De la relativité de la propriété de la terre

Le projet de Sarah Vanuxem est de montrer deux choses. D’abord que nous devons chercher à vivre avec les non humains, à respecter leurs droits ; ensuite que ceci peut se faire à l’intérieur de notre tradition juridique, sans créer d’autres institutions.

Nous devons respecter les droits des animaux, mais aussi des plantes, des paysages, et négocier avec eux les conditions d’une coexistence positive. C’est vrai pour les loups, les montagnes, le littoral etc.

Pour ce faire, certains proposent de donner une personnalité juridique aux non humains. Ce serait paradoxal car il s’agirait d’appliquer aux non humains la logique naturaliste qui nous conduit à leur nier l’existence. Au contraire Lire la suite « De la relativité de la propriété de la terre »

L’écologie sociale (Bookchin)

Murray Bookchin, L’écologie sociale, Wildproject, 2020

Un anarchiste qui cite plus facilement Hegel que Marx, qui n’hésite pas à utiliser des termes tels que la résurrection ou le jardin d’Eden, c’est assez rare.

Ce recueil de textes de Bookchin est assez varié, et on y retrouve des thèmes abordés par d’autres auteurs, comme la sensibilité à la nature, le débat nécessité liberté, la symbiose, la question du sens de l’évolution. D’autres sont plus originaux ou présentés de façon nouvelle pour moi tout au moins, la relation entre domination des hommes et domination de la nature, la sensibilité à la nature comme histoire, l’adaptation de la société à son contexte biologique, la valorisation de la complexité et la définition de l’écologie sociale.

Lire la suite « L’écologie sociale (Bookchin) »

Le loup, l’agneau et le berger

Baptiste Morizot, Manières d’être vivant, Actes sud, 2020

Voilà un livre original, qui combine le récit du pistage des loups dans la montagne et une réflexion philosophique affûtée. Les oppositions entre les éleveurs de moutons et les défenseurs du loup, et les oppositions entre le naturalisme, l’animisme et les antispécistes. L’idée force est que nous faisons tous partie du vivant, comme les fils d’un tissu, et que la crise écologique est une crise de notre sensibilité. Lire la suite « Le loup, l’agneau et le berger »