Plus de justice par un mode de vie simple

Un mode de vie simple… c’est une aspiration de beaucoup dans notre vie trop encombrée. Mais qu’est-ce qu’une vie simple aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales ? Le thème fait l’objet de nombreuses variations, pour les uns c’est se désencombrer l’esprit, être disponible. Pour d’autres c’est donner une partie de son superflu. Nous n’entrerons pas dans ce débat parfois byzantin (ou jésuite !). La question aujourd’hui, c’est quel est le niveau de consommation qui peut être estimé comme juste ?

La justice incarnée

Les principes généraux de la Communauté Vie Chrétienne (PG 4) appellent à « travailler pour la justice par une option préférentielle pour les pauvres et un style de vie simple qui exprime notre liberté et notre solidarité avec eux ». Justice et vie simple sont ici rapprochées dans la même phrase : travailler pour la justice […] par un style de vie simple…

Avant d’engager ce débat, arrêtons-nous un temps sur la notion de justice, puisque les PG font une relation explicite entre vie simple et justice. La notion de justice a évolué au cours des temps. Nous en retiendrons quelques étapes pour illustrer notre propos. Toute théorie éthique se prononce en faveur de l’égalité, la question est de savoir sur quelle variable.

La loi de Moïse imposait que « la terre ne serai pas vendue avec perte de tout droit, car la terre appartient à Dieu », et que tous les 49 ans, ceux qui avaient dû vendre leur terre par manque de moyens la recouvraient (Lévitique, 25, 23-28). C’était un moyen de limiter l’accroissement des inégalités dans un peuple d’agriculteurs et de pasteurs. Que cette règle ait été appliquée ou non, son principe nous parle aujourd’hui où les inégalités s’accroissent considérablement.

Puis les temps ont passé… et à partir du XVIIIe siècle les définitions de la justice se sont succédées au rythme des changements que nous connaissons. La Révolution française met en avant l’égalité comme principe fondateur. Egalité des droits. Marx élargit cette égalité des droits à une égalité d’accès aux ressources, « à chacun selon ses besoins1 ».

Vint le temps de la colonisation. Face à la misère du Tiers-Monde, nombreux sont ceux qui ont développé des actions « d’aide ». Donner une part de notre richesse. Cela peut être considéré comme de la charité, et contribuer à réduire les inégalités, c’est une action dont celui qui la mène peut penser qu’elle est juste2, mais reste insuffisante à définir une situation juste.

D’un point de vue économie, un juriste américain, John Rawls, développe l’idée de la Justice3 comme équité, et non comme égalité. Pour lui, une croissance de biens est juste si elle profite aux riches et aux pauvres, c’est-à-dire si la situation des pauvres s’améliore en valeur absolue (l’écart relatif peut augmenter).

Amyarta Sen4, un indien, avance l’idée que la justice ce serait que chacun puisse faire des choix libres, exprimer ses potentialités (capabilités dans le texte). C’est une avancée par rapport à l’égalité des droits (on dit aujourd’hui l’égalité des chances), puisqu’il vise ici la possibilité concrète d’exprimer cette égalité. C’est, de façon approchée, ce que certains énoncent en disant que la justice c’est que chacun puisse vivre comme il le souhaite.

Nous nous arrêterons plus longtemps sur la proposition de Hans Jonas5, philosophe allemand, pour lequel la justice, c’est que chacun puisse vivre, c’est-à-dire avoir accès aux ressources nécessaires pour vivre, et que notre descendance puisse aussi disposer de ces ressources nécessaires.

Que l’égalité des droits soit insuffisante chacun le reconnaîtra facilement. Le fait que chacun augmente son niveau de richesse, même moins que d’autres, pourrait apparaître satisfaisant. Mais cela cache deux choses, les inégalités croissantes qui ont des conséquences dramatiques au niveau économique (c’est l’une des causes de la crise financière de 2008, pour pallier à la croissance des inégalités aux Etats-Unis, le gouvernement a favorisé l’endettement des classes plus pauvres, en particulier pour l’achat de logements sans garanties) et écologique (les plus riches ont des pratiques désastreuses face aux ressources naturelles, car ils sont peu nombreux et peuvent ne pas se poser la question des conséquences de ces pratiques si elle étaient généralisées).

L’autre critique porte sur la notion de richesse monétaire. On peut disposer de plus d’argent et être plus dans la misère qu’avant si la part de ce que l’on doit acheter pour vivre augmente. Le paysan français du XIXe siècle produit son lait et n’a pas besoin d’argent pour en acheter. L’agriculteur français du XXIe siècle spécialisé en production de viande n’a plus de lait et doit l’acheter. Il gagne plus d’argent, mais doit en dépenser plus et peut se trouver plus facilement en faillite, dans la misère, que son prédécesseur qui était plus pauvre certes, mais pas toujours miséreux.

Alors, la définition de Sen est-elle plus satisfaisante ? Oui peut-être dans un monde où il n’y aurait pas de limites de ressources, où chacun pourrait choisir librement son mode de vie, son type d’activité. Mais nous sommes dans un monde fini, où les ressources sont de plus en plus disputées. On doit introduire cette notion de limite dans la définition de la justice, ce que ni Marx, ni Rawls ni même Sen ne pouvaient imaginer. Moïse et les peuples primitifs en sont plus proches, qui géraient une économie uniquement agricole dans laquelle les limites étaient évidentes. Un surpâturage pouvait détruire les ressources. Ces limites que ces peuples connaissaient à l’échelle de leur territoire, nous devons les gérer aujourd’hui à l’échelle de la planète.

En effet du temps d’Ignace de Loyola les disettes et famines frappaient périodiquement les populations. L’équilibre précaire entre l’évolution de la production agricole et celle de la population est mis en cause par les guerres ou les épidémeis, par exemple en France au Xie et au XVIIe siècles. Malthus théorise au XIXe siècle les limites de la croissance de la population sur les bases de la productivité agricole de son temps. Mais ces limites sont celles de territoires, de pays, pas de la planète.

Reprenons donc la définition de Jonas. Nous arrivons à la question de fond : notre mode de vie occidental est-il possible pour l’ensemble de l’humanité ? Non, et là c’est évident. Imaginez deux voitures par famille sur l’ensemble de la planète, ou que la surface goudronnée par habitant soit équivalente à celle de San Francisco ? Ou que tous les habitants veuillent manger 100 kg de viande par an…

Certains pourront objecter qu’il s’agit là d’un égalitarisme mal compris, que chacun doit pouvoir vivre comme il l’entend, mais pas nécessairement de la même façon. Je ne connais pas à vrai dire d’occidentaux qui veulent vivre comme de pauvres paysans africains, alors que ces derniers sont nombreux à rêver de vivre comme nous et à risquer des voyages mortels pour s’introduire en Europe. Si la justice c’est que chacun puisse vivre comme il le souhaite, dans la limite des moyens disponibles, sans que certains aient un accès privilégié à ces moyens6, alors il nous faut évaluer quel est le niveau de consommation maximum possible pour l’ensemble des habitants de la Terre. Cela ne veut pas dire que nous vivrons tous de la même façon, mais que chacun aura droit de puiser de la même façon dans les ressources naturelles, de bénéficier de l’accès à la Création. Nous ne sommes pas loin de l’intuition de Moïse, qui veillait à limiter l’accroissement des inégalités au sein de son peuple.

Donner, ou ne pas prendre ?

Autrement dit, il s’agit de compléter le commandement Aime ton prochain comme toi-même, par Aime ton lointain comme toi-même. Ton lointain dans l’espace (en gros, l’hémisphère sud), et dans le temps (les générations futures). C’est là où cela se complique, comment faire une relation entre ce que je consomme et l’amour de mon prochain ?

Aime ton prochain comme toi-même ne veut pas dire Fais en sorte que ton prochain puisse vivre comme toi-même, ce qui est la conception courante de l’aspiration à la justice, que les autres puissent accéder aux mêmes richesses que moi. Car s’ils y accédaient, au niveau où sont les habitants d’Europe, nous mourrions tous de faim ! En tous cas au vu des normes de notre mode de vie.

Non c’est faire en sorte que tous les peuples puissent vivre, aujourd’hui et demain. C’est plus difficile à imaginer, contrairement à l‘éthique classique, l’éthique du devenir n’est pas symétrique, je ne peux rien attendre pour moi de ce que je fais pour l’avenir, je ne sais pas s’il me le rendra dans cette vie (mais dans la vie éternelle sûrement !). L’objectif n’est pas aujourd’hui que l’homme soit meilleur, mais que le monde puisse continuer de vivre. Ce n’est pas l’essence mais l’existence qui est en jeu. C’est peut-être une chance, car l’obligation de respecter la création peut nous imposer des conduites respectueuses, plus respectueuses, des autres hommes. Comme le dit Pascal Acot7 pour faire la paix avec la nature, les hommes devront faire la paix entre eux. Ou Saint Paul, pécher est une chance car Dieu peut nous sauver.

Il s’agit de passer de donner à ne pas prendre. Notre surplus résulte de ce que nous prenons aux autres, en redonner une partie peut être considéré comme juste, mais nous considérons ici que la justice c’est plutôt ne pas leur prendre leurs ressources.

Donner quand on a beaucoup ce n’est pas très compliqué (encore que…), donner quand on est pauvre c’est plus simple8, mais ne pas prendre ? Nous avons l’habitude d’entendre les critiques sur l’exploitation du Tiers-Monde et participons peut-être aux actions menées par le CCFD ou Terre des Hommes, et achetons des produits d’Artisans du monde ou du commerce équitable.

La critique de l’exploitation distingue le plus souvent les organisations qui exploitent, grandes sociétés ou Etats, qui ne sont jamais jugés à cette aune, et les personnes, qui sont peut-être en partie responsables de cette exploitation (par leurs votes, leurs achats…) mais de manière abstraite, mais pas coupables.

Ne pas prendre, c’est considérer que par nos achats nous sommes co-responsables de l’exploitation. Que le surplus de notre consommation est pris – au sens premier du terme – sur le nécessaire des habitants les plus pauvres et des générations à venir. Comment ? En mangeant plus de 70 kg de viande (en moyenne) par an en France, nous mobilisons des ha de cultures fourragères qui manquent à ceux qui n’ont pas de pain.

En roulant avec de l‘huile végétale dans notre carburant nous privons des populations des cultures vivrières transformés en plantations de palmier à huile.

En émettant toujours plus de gaz à effet de serre dans les cieux, nous contribuons à réduire les rendements à venir de l’agriculture, la surface des terres habitables et les ressources en eau… des générations à venir.

La plus grande justice, aujourd’hui, c’est de ne pas prendre plus que ce à quoi nous avons droit, ce n’est pas – ou ce n’est plus – de donner notre surplus. Et il n’y a pas de commune mesure entre les deux.

Comment mesurer le maximum de notre consommation ?

Notre propos va maintenant s’éloigner de la philosophie pour aborder des notions plus techniques. En effet, comme l’explique Jonas1, la nécessité d’un savoir prévisionnel (pour évaluer les conséquences de nos actes) n’était pas nécessaire autrefois, (il n’était pas nécessaire de faire de relation entre l’émission de CO2 et l’assèchement d’un marais par les moines). Pour Kant2 « il n’est besoin ni de science ni de philosophie pour savoir ce que l’on a à faire, pour être honnête et bon, même vertueux ». Ce n’est plus le cas, ce qui pose un problème éthique redoutable : « le savoir devient une obligation prioritaire au-delà de tout ce qui était dans le passé revendiqué comme son rôle, et le savoir doit être du même ordre de grandeur que l’ampleur causale de notre agir ».

Pour beaucoup d’entre nous, si la justice c’est que les autres habitants de la planète puissent vivre comme nous, c’est, implicitement, que notre mode de vie est durable, ou soutenable3. L’est-il ? Nous allons utiliser la méthode de l’empreinte écologique4 dont nous résumons les principes ci-dessous (à grands traits !).

Considérons d’abord que l’essentiel des ressources naturelles que nous utilisons proviennent de la transformation de l’énergie du soleil, captée par la surface de la Terre. Il en est ainsi aujourd’hui de la production végétale, de la production animale qui en dépend directement, du bois avec lequel nous construisons et nous chauffons, des rayons du soleil qui réchauffent les capteurs solaires. Tous ces biens peuvent donc être transformés en équivalent ha, c’est la surface de sol nécessaire pour qu’ils soient produits.

Le charbon et le pétrole sont des végétaux qui ont été ensuite enfouis, c’est donc l’équivalent d’ha des siècles et millénaires passés. On pourrait en évaluer la surface également. Mais comme les coefficients de transformation seraient difficiles à préciser, on évalue la surface correspondant à ces carburants fossiles par la surface de forêt qui serait nécessaire pour fixer le CO2 émis lors de leur combustion (une fois retiré le tiers de ces émissions captées par les océans. On procède de même avec les autres biens, minéraux que l’on extrait des mines (c’est encore une surface), terrains bâtis ou goudronnés, surface de pêche. L’énergie nucléaire, après plus d’une dizaine d’années de débats, est considérée comme ayant une empreinte nulle. Ceci revient simplement à sous –estimer l’empreinte calculée.

sources_energie

Une fois calculée la surface dont chacun a besoin pour vivre, on la compare à la surface disponible, nommée biocapacité. Celle-ci est évaluée à partir des surfaces habitées et exploitées, affectées de coefficients de rendement par type de production et par pays.

C’est ainsi qu’il est possible de dire que chaque Français a besoin en 2006, en moyenne de 2,1 ha pour son alimentation : 1,2 ha de cultures, 0,3 de pâtures, 0,2 de surface maritime et 0,4 de besoin de surfaces de forêts correspondant aux émissions de CO2.

On procède de la même façon pour le logement (surface, chauffage), les transports, les achats de biens (voiture, mobilier, livres, appareils électroniques…), et services (télécommunications, loisirs…). Au total, nous utilisons, en France, 4,9 ha par personne. Notre biocapacité étant de 3 ha par personne, nous la dépassons donc de 1,9 ha, ou, ce qui revient au même, nous utilisons 1,6 planète pour vivre. Cela n’est possible que parce que nous utilisons des ha d’autres pays (le soja, le bois, l’huile… que nous importons) et que nous stockons dans l’atmosphère des quantités de CO2 non absorbées par la planète, des équivalents ha pris aux générations suivantes.

Et nous ne raisonnons là que par rapport à notre pays, notre prochain. Si nous élargissons au lointain, il nous faut comparer notre besoin de 4,9 ha à la biocapacité moyenne mondiale par personne, soit 2,1 ha. Nous pouvons alors dire que nous utilisons 2,3 planètes. Donc qu’il faudrait, en toute justice, avoir une empreinte deux fois plus faible. Et encore ceci est –il sous-estimé1, et valable pour les 6 milliards d’habitants actuels de la Terre. En 2050, si comme prévu nous sommes 9 milliards, la biocapacité ne serait, toutes choses égales par ailleurs, que de 1,4 ha…

Chacun peut calculer une estimation de son empreinte avec l’un des calculateurs en ligne sur internet2, et l’on peut même en faire un thème de partage en groupe d’amis.

empreinte planete

Que faire ?

Considérons qu’il nous fait d’abord identifier les éléments sur lesquels nous pouvons agir de la manière la plus efficace, et ensuite que nous ne pouvons pas agir seuls, par le seul effet de notre propre volonté. Nous avons besoin des autres.

Sur quoi agir ?

Le poste le plus important, selon cette approche « consommation1 », c’est l’alimentation qui représente 41 % de notre empreinte. C’est une chance, voilà un poste sur lequel l’action de chacun d’entre nous est, directement, possible. Viennent ensuite les achats de biens, et le logement. Encore deux postes qui dépendent en grande partie de décisions personnelles, voire spirituelles…

postes consommation

Avant de détailler quelques uns de ces éléments, rappelons qu’en moyenne, un Français gagne 1 500 € (revenu salarial mensuel moyen, 2007). Si donc vous gagnez plus, et en fonction bien sûr du nombre de personnes à charge, vous dépensez plus, et l’inverse si vous gagnez moins. Ceci étant posé, nous consommons en moyenne, par habitant en France, 75 kg de viande1 (dont 14 kg de bœuf, le plus gourmand en espace), 26 kg de fromages, 120 kg d fruits et légumes. Soit, par jour, respectivement 200 g de produits carnés, 70 g de fromages et 330 g de fruits et légumes.

Du côté des biens, nous changeons (en moyenne par ménage) de réfrigérateur et de machine à laver tous les dix ans, de poste télévision tous les cinq ans, sans parler des vêtements, téléphones et autres lunettes.

Enfin, nous parcourons 13 700 km en moyenne par personne.

Cela ne signifie pas que nous considérions qu’une personne avec un salaire de 1 500 ou 2 000 € par mois soit riche. Elle peut, elle est souvent, en difficulté financière, compte tenu des coûts fixes comme le logement et les transports. Cela signifie que nous devons, collectivement, revoir notre organisation sociale, le mode de fixation du prix du foncier et des logements, les distances entre domicile et travail…

Nous pouvons donc orienter notre consommation vers des aliments moins gourmands en surface. Sans devenir végétariens, le passage de la viande rouge à la viande blanche diminue déjà considérablement notre impact. Réparer nos produits plutôt que de les jeter et les remplacer : les faire durer deux fois plus longtemps par exemple, voici un objectif simple. Louer une voiture si nous en avons besoin plutôt que d’en acheter. Diminuer nos déplacements et/ou prendre les transports en commun (terrestres bien sûr). Il ne suffit pas en effet de ne pas prendre l’avion : un km en avion et un km pour une personne seule en voiture sont équivalents en termes d’empreinte carbone. Réfléchissons à nos prochaines vacances, découvrons la France, ou prenons le temps de voyager vraiment, pas seulement de nous déplacer2

Nous avons calculé par exemple qu’en réduisant notre alimentation carnée de 70 %, nos déplacements de 50 %, en réduisant de moitié la consommation de chauffage en doublant la durée de vie des produits que nous achetons, nous pourrions arriver à une empreinte moyenne de 3 ha.

Certains objecteront que ces orientations risquent de détruire des emplois. Au contraire3. Les activités de réparation occupent plus de personnes, et plus qualifiées, que les activités de production. Cela coûte aussi plus cher. Mais l’important, dès aujourd’hui, ce n’est pas d’acheter au moindre coût, de maximiser le rapport production/travail, qui est proprement suicidaire (il tend à réduire le travail, donc à augmenter le chômage, et à accroître l’utilisation de matière premières, qui sont en voie d’épuisement) et injuste (par la pression à la baisse sur les salaires). C’est de maximiser le rendement matière, le rapport entre la production et la matière première utilisée et de limiter notre prélèvement sur la planète, sur la création. Nous utilisons en moyenne 14 tonnes de matières premières par habitant et par an4. Est-ce une manière responsable de vivre ?

Avec tous les hommes

Agir tout seul sur autant de paramètres est bien sûr difficile, seules quelques personnalités bien trempées, et convaincues, s’y sont mises. Par exemple Jean-Marc Jancovici, consultant et adepte du train et du vélo, capable de se rendre de sa banlieue lointaine en vélo pour faire une conférence aux Semaines sociales au Centre des Congrès à Paris un jour de grève des trains, et ou de prendre le train et le bateau pour une conférence au Maroc. ou James Lovelock, médecin anglais spécialiste de la chimie de l’atmosphère, qui se rendait pour ses missions auprès de la NASA en bateau…

Les enquêtes individuelles menées en France montrent que les empreintes individuelles peuvent varier de 3 ha à 8 ou plus selon le mode de vie. 3 ha pour des retraités vivant en zone rurale, avec peu de déplacements, ou pour des étudiants. Les moines ont une empreinte encore inférieure. Mais on reste au-dessus de l’objectif de 2 ha.

Il faut donc, en même temps que les efforts individuels, des actions collectives qui relèvent du politique. Sur l’alimentation, le logement, les transports… C’est par la conjonction de deux que nous avancerons vers la justice. Des observations menées dans le quartier d’habitat écologique de Bedzed, près de Londres, ont montré que la diminution de l’empreinte des habitants était due pour un tiers aux infrastructures (logement, transports, gestion des déchets…) et pour deux tiers aux pratiques individuelles.

La vie simple nous sera donnée par surcroît, si nous concevons cette démarche comme une chance, un enrichissement personnel, et non un appauvrissement matériel. C’est une confirmation de l’intuition des PG, faire avancer la justice par une vie simple.

1 Source Insee, 2007. Les données du centre d’information des viandes sont nettement inférieures, 42 kg de produits carnés dont 9 kg de viande de bœuf.

2 L’important dans un voyage c’est le parcours, pas le point d’arrivée. Mais c’est tout un autre rapport au temps.

3 Arnaud du Crest, Développer l’emploi en période de crise, Trait d’Union, janvier 2010, en ligne sur http://www.cariforef-pdl.org/arboFichiers/Trait%20d’union/2010/TU221%20-%20012010.pdf

4 Source SoES, MDDM, Consommation intérieure apparente de matières : poids des combustibles fossiles, des produits minéraux et agricoles, extraits du territoire national ou importés sous forme de matières premières ou de produits finis, exportations déduites.

 

1 L’approche consommation diffère de l’approche production habituellement utilisée dans les « agenda 21 » des collectivités. Une ville se dira neutre en carbone si les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports, aux logements et aux unités de production locale ne dépassent pas 2 TEqCO2 par habitant. Mais on oublie alors les émissions des biens et services produits hors du territoire. Si le territoire est exportateur net de biens et service, son empreinte carbone consommation est surévaluée, s’il est importateur net (comme la plupart des grandes villes) son empreinte carbone est sous-évaluée.

 

1 On a cité le cas de l’énergie nucléaire, il faut aussi prendre en compte le fait que les rendements sont pris pour ce qu’ils sont aujourd’hui. Or on sait qu’une grande partie ne sont pas soutenables, et qu’ils dépendent en grande partie de la quantité d’énergie utilisée (sous forme de machines agricoles ou de moteurs de bateaux, d’engrais…).

2http://www.wwf.fr/s-informer/calculer-votre-empreinte-ecologique ou http://www.eco-simulateur.com/calculer-empreinte-ecologique.php

 

1 Jonas, op. citum

2 Kant, Préface aux Fondements de la métaphysique des mœurs, Pars, Delagrave, p. 106

3 ou que le progrès technique permettra de trouver des solutions aux manques d’alimentation, de terre, d’énergie et d’eau. Les techniques utilisées ont atteint pour une grande part leur niveau contre-productif (Ivan Illich), l’efficience des nouvelles découvertes devient négative (elles coûtent plus qu’elles n e rapportent). Mais il serait trop long de développer ces points ici. Voir mes autres contributions sur http://arnauddc.blog.lemonde.fr/

4 Pour en savoir plus : Rapport Planète vivante http://www.wwf.fr; GFN http://www.footprintnetwork.org; Laurent-Jolia-Ferrier et Tania Villy, L’empreinte écologique, SAP éd., Lyon, 2006 ; Aurélien Boutaud (dir) L’empreinte écologique, Repères, La découverte, 2009 ; La Revue Durable, revue Ecological economics.

 

 

1 La critique du programme socialiste allemand de Gotha de 1875. Cette formule reprend presque littéralement un passage des Actes des apôtres, 4, 35 : « On distribuait alors à chacun suivant ses besoins »

2 Cela est discutable, comme le montre très bien Majid Rahnema, dans Quand la misère chasse la pauvreté Ed. Fayard/Actes sud, 2003.

3 Théorie de la justice comme équité, éd. du Seuil, Points, 1999 (première édition 1971).

4 Amyarta Sen, Repenser l’inégalité, Éditions du SEUIL 2000

5 Hans Jonas, Le principe responsabilité, Édition Flammarion, 2009

 

6 Voir les mouvements des paysans sans terre pour le droit à l’accès à la terre, par exemple Ekta Parischa en Inde

7 Pascal Acot, Histoire du climat, Tempus, 2009 (nouvelle édition)

8 L’obole de la veuve, Marc, 12, 44

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