La pandémie, un temps privilégié pour changer

Pape François, Un temps pour changer, Flammarion, 2020

Le pape François livre ses réflexions sur les changements qu’il entrevoit en cette période de pandémie et de confinement. Il est, nous dit son interlocuteur, plein de passion, d’énergie et d’humour. Il vit cette période de façon intense, c’est une crise au sens propre du terme, un passage qu’il veut, avec force, nous faire partager. Il ne s’agit pas seulement de passer le mieux possible cette période, il s’agit de changer pour un autre monde. Une grande leçon.

 La crise

Le pape François commence par une conviction, tirée de sa propre expérience de vie : on ne sort pas indemne d’une crise, on en sort soit meilleur car on a appris à résister, soit plus mauvais car on en a profité. Dans la parabole du Bon Samaritain, sa préférée, le lévite et le prêtre sortent de ce récit plus mauvais, le Samaritain meilleur. Le Covid est « un moment de Noé » dans ce sens où cela peut être un chemin de sortie de crise avec la Création.

Le peuple

Le peuple est central dans sa réflexion, « Il faut un mouvement populaire conscient que nous avons besoin les uns des autres » (p 19).  » Les personnes qui sont aujourd’hui aux périphéries doivent devenir les protagonistes du changement social. » (p 31).

Ces réflexions sont inspirées de la théologie du peuple (proche mais différente de la théologie de la libération).

Agissons comme un peuple, comme les peuples que Dieu à libérés, mais comme un seul peuple au niveau mondial désormais. « Le salut viendra du peuple » dit-il en citant Dostoïevski.

Il faut passer du virtuel au réel. Il faut être capable de ressentir le malheur, le voir, en être proche.  » Être ému, mais répondre par l’action.  » (p 35). On ne peut connaître la pauvreté de loin, il faut la toucher. La fraternité est notre nouvelle frontière (référence au New Deal américain ?).

Progrès et pouvoir

Nous confondons le pouvoir et le progrès,  » de sorte que tout ce qui renforce notre maîtrise est considéré comme bénéfique. Le signe que nos consciences ont été déformées par la technologie est notre mépris de la faiblesse. Nous devenons sourds au cri des pauvres et au cri de la nature.  » (p 56).

Ce passage est fondamental. Progrès et pouvoir, on peut faire la relation avec Guardini bien sûr, mais aussi avec Bacon qui a lié science et pouvoir. Je disais jusqu’à présent que les adorateurs du progrès confondaient progrès et providence, mais au fond ils associent progrès et pouvoir d’abord. Sur les autres et sur la nature. Or  » le pêché consiste à exploiter ce qui ne doit pas l’être  » (p 57).

Et ceci nous rend insensibles aux souffrances des vivants, comme l’historie de la Tour de Babel : quand une brique tombe, on arrête tout pour la récupérer. Si un homme tombé, on le remplace par l’un de ceux qui attendent en bas.

Pour un revenu de base universel, seule façon de rendre le travail décent.

Quelques passages d’anthologie

 » La tradition c’est la transmission du feu, pas l’adoration des cendres. » Citation de Mahler

« L’argent c’est le fumier du diable  » Basile de Césarée.

Il faut un jubilé de la consommation (donc une mise à zéro de la consommation).

Des concepts

La conscience isolée, critique des positions de ceux qui ne se remettent pas en cause, qui ne connaissent pas l’accusation de soi.

Le débordement, une notion assez proche de celle du dépassement en dialectique, mais moins mécaniste

La contraposition , une notion proche de la contradiction non antagoniste en dialectique

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