A propos d’un article de Thomas Bauwens⁎, Marko Hekkert, Julian Kirchherr, Circular futures: What Will They Look Like?
https://doi.org/10.1016/j.ecolecon.2020.106703
Ecological economics, 15 mai 2020
Qu’est-ce que l’économie circulaire ? Une tendance défendue par de nombreux acteurs, de tous bords, chef d’entreprise et écologistes de terrain, mais sans définition précise, et surtout peu contextualisée. Les auteurs de cet article tentent de caractériser, classer les différentes formes de cette économie non linéaire. Ils distinguent deux dimensions discriminantes, la technologie utilisée high-tech /low-tech et le niveau de centralisation/décentralisation de la société. Ces deux axes définissent quatre catégories.
L’économie circulaire dominante actuelle est l’économie high-tech dans un système centralisé, qu’ils nomment le modernisme circulaire. On y utilise toutes les ressources de la technologie, dans le cadre d’un État centralisé. C’est le scénario actuel, donc le plus plausible, et le plus acceptable d’un point de vue socio politique. Mais est-ce le plus écologique ? Sans doute pas car il utilise des technologies nourries à l’exergie (énergie de source non humaine).
À l’opposé la Suffisance bottom-up s’est situé dans le cadran économie low-tech et société décentralisée. Elle exige un changement de comportement pour la préférence low-tech, comme faire sécher son linge au soleil, circuler en vélo etc., et un choix politique fort de décentralisation. Ce n’est pas le plus probable, c’est peut-être le plus souhaitable ?
Les deux autres scénarios sont intitulés Circularité planifiée d’une part, Circularité point à point d’autre part. Ce sont de notre point de vue des choix hybrides, low-tech et société centralisée d’un côté, High tech et société décentralisée d’un autre côté. Ces choix hybrides sont moins plausibles car les choix sont contradictoires. Une société centralisée aura tendance à développer des technologies, une société décentralisée sera mise en danger si elle utilise des high tech conçues par des sociétés elles-mêmes centralisées.
Finalement la question est de savoir si l’économie circulaire est cohérente avec un choix high tech ? De notre point de vue non, car les techniques high tech sont toutes consommatrices d’énergie. Reprenons les exemples cités :
- Emballages : sacs en plastique biodégradable ou distribution en vrac,
- Partage d’usage : plateforme informatique d’échange et blockchain pour le paiement, ou groupe local d’usagers
- Déchets de matériaux : Recyclage chimique et tri sélectif automatique ou compostage et démontage manuel.
- Déchets organiques : carbonisation hydrothermique ou compostage anaérobie.
La différence c’est que la solution high tech nécessite des investissements et génère du chiffre d’affaire alors que la solution low tech nécessite des changements de comportement et génère peu ou pas de chiffre d’affaires.
Cette réflexion à l’intérêt de montrer que l’économie circulaire ne se limite pas à l’écologie industrielle et que le choix des technologies est lié au système décentralisé ou non. Les hommes jusqu’au moyen âge utilisaient par exemple toutes les parties des animaux chassés : la chair pour se nourrir, la peau pour se vêtir, les os pour fabriquer des aiguilles ou des racloirs. Les africains utilisent les boîtes de conserve pour fabriquer des jouets d’enfants. En Afrique et au Moyen-Orient on utilise les vieux pneus pour fabriquer des sandales (inusables). Nous avons tant à apprendre.
L’avenir sera sans doute une coexistence de high tech et de low tech, de groupes locaux autonomes et de pouvoirs centraux. Ces scénarios sont finalement assez proches de ceux de David Holmgren dans Futures scénarios.
Un commentaire sur “L’avenir circulaire, à quoi cela ressemblera ?”