Le débat se développe autour de la révision de loi de bioéthique, en particulier sur la PMA, procréation médicale assistée. Il y a eu des débats sur le droit à l’avortement, d’autres ensuite sur le mariage pour tous, qui ont divisé les chrétiens. Concernant la PMA pour tous, en sera-t-il de même ? Qu’en aurait dit Sarah qui a demandé à Abraham d’avoir un enfant avec sa servante (Gn 16, 1-2) ?
Les débats se sont polarisés sur la place de l’enfant, et c’est important bien sûr. Nous allons ici aborder un autre angle, qui relève de l’écologie intégrale, le rapport du corps et de la technique.
La PMA est une approche mécaniste, réifiante, du corps qui est dangereuse. Revenons aux débuts.
L’insémination artificielle a été expérimentée pour la première fois chez les animaux en 1780 par Spallanzani (un prêtre italien) sur un chien en Italie puis en Ecosse par un médecin en 1789 sur sa femme (le couple était stérile). Pendant un siècle les essais restent peu nombreux. Mais un siècle plus tard, au début du XXe siècle, cette technique est étendue de manière « industrielle » aux animaux d’élevage en Russie, en 1936 on insémina plus de quinze mille brebis avec la semence d’une seul bélier, puis aux Etats-Unis et en Europe, avant d’être appliquée de manière élargie à partir des années 1940 aux humains.
Il y a un lien entre l’insémination artificielle appliquée aux animaux et son utilisation chez l’homme. Le débat sur la PMA me pose alors la question de l’insémination artificielle appliquée aux animaux, qui a facilité le développement de l’élevage intensif. Faut-il le remettre en question ? Ce serait cohérent avec la remise en cause de notre régime alimentaire trop carné, avec le refus de la mécanisation de la nature.
C’est un avertissement que
lançait déjà l’historien Siegfried Giedion en 1948 dans son livre La mécanisation
au pouvoir : « on empiète dangereusement sur les fonctions de la
nature lorsqu’on en arrive à réduire la production de la vie à un processus
mécanique ». (P. 274) et un peu plus loin « Il faut changer
radicalement d’attitude si l’on veut dominer la nature sans la dégrader. La
plus grande prudence s’impose ; pour cela, il faut que l’homme cesse de se
comporter comme l’adorateur passionné et servile de la déesse
production. »
Giedion écrivait à propos de l’insémination artificielle appliquée aux animaux.
Cette technique est promue aujourd’hui au nom de la liberté, mais c’est surtout
un pas vers la soumission de la conception de la vie à la technique, comme un
moment d’un process de production. C’est la fin de notre liberté.
La PMA n’est pas un acte thérapeutique, c’est un acte médical de substitution. La médecine réparative fait des merveilles, nous n’en contestons pas les avancées, mais il ne s’agit pas là de réparation mais de substitution. On n’est pas loin de l’homme augmenté, du trans humanisme.