L’inquiétude démocratique, Claude Lefort au présent, Esprit, janvier février 2019, n° 451
Claude Lefort a fait partie du groupe Socialisme ou Barbarie avec Cornelius Castoriadis. Il a élaboré de nombreux concepts originaux sur la démocratie. Retenons en trois particulièrement actuels.
La démocratie sauvage paradoxale
L’idée est que la démocratie est une situation toujours instable, entre une tendance à l’ordre qui peut conduire au totalitarisme, et une tendance au désordre ponctuée de revendications non domestiquées. Il ne s’agit pas de révoltes qui remettraient en cause la démocratie , mais de périodes sauvages qui sont nécessaires à la démocratie, sinon elle tombe dans son versant inverse le totalitarisme.
C’est un état fragile.
Le désordre est nécessaire à la liberté.
Les droits acquis engendrent toujours la demande de nouveaux droits. Le fait instituant dominé l’institut, approche phénoménologique de Merleau Ponty. La démocratie c’est la possibilité d’énoncer des droits nouveaux, contrairement au totalitarisme.
La division reconnue et combattue
La démocratie reconnaît la réalité de la division au sein de la population, comme la division entre société civile et pouvoir, contrairement au totalitarisme qui la nie. Mais il y a toujours cette aspiration à l’unité, contraire à la réalité de la démocratie .
Ainsi pour Lefort le Socialisme est hostile à la reconnaissance du politique, à la démocratie.
Mais si la division est trop forte elle entre en contradiction avec le fonctionnement démocratique, cf. La mort des démocraties.
La démocratie c’est une desincorporation de la société qui induit une aspiration à refaire corps, une aspiration populiste.
Un lieu vide de pouvoir ?
La démocratie est un régime ou personne ne peut s’accaparer le pouvoir, qui peut toujours être remis en cause. Le pouvoir est donc occupé , mais vide en même temps. Pour ses critiques, ce n’est pas tant un lieu vide qu’un lieu abstrait.