Jean-Pierre Petit fait état dans Le Monde du 4 mai dernier d’une étude de l’OCDE sur les gains de productivité dans le monde, qui marquent une tendance générale à la baisse sur les dix dernières années. Phénomène bien connu et commenté depuis longtemps, et il affirme que c’est une mauvaise nouvelle pour la croissance, la soutenabilité de la dette et la profitabilité. Tout ceci est exact, mais vouloir utiliser la croissance pour résorber ou soutenir la dette est peine perdue, comme on le voit chaque jour, et la profitabilité des entreprises est importante mais dans quel but, le profit des actionnaires ou l’emploi ? Nous allons considérer la productivité du point de vue de l’emploi, qui nous semble le critère final essentiel.
Les causes de cette baisse de productivité, avancées par Jean-Pierre Petit, sont :
– l’effet des nouvelles technologies du XXe siècle sur la productivité, qui est limité par rapport aux innovations du XIXe siècle (Gordon),
– La mesure du rapport qualité prix dans un contexte d’amélioration constante de la qualité ou plutôt des performances des produits, qui conduit à sous-estimer la productivité, mais il ajoute à juste titre que ceci ne représente qu’une part faible de l’activité,
– Le développement des services aux personnes qui est par nature à faible productivité (c’est le théorème de Baumol).
Il faut compléter par trois autres causes :
– Le rendement décroissant de la production, une loi établie par Ricardo pour l’agriculture mais qui fait sentir ses effets sur l’industrie et l’innovation numérique (voir Tainter),
– Le coût croissant de la complexité de nos sociétés qui engendre des coûts de fonctionnement de plus en plus élevés (Tainter), et l’on voit bien que toutes les tentatives de simplification n’aboutissent qu’à complexifier encore notre système,
– Plus récemment la création monétaire pour faire face aux risques de récession, qui entraîne un déplacement de l’activité vers les secteurs à plus basse productivité quand l’argent est plus facile à obtenir (étude de la Banque des règlement internationaux).
Enfin, il est probable, sinon certain, que l’augmentation des coûts de l’énergie et la raréfaction des ressources minérales va réduire fortement dans les années à venir les gains de productivité et sans doute la productivité elle-même. C’est selon nous une bonne nouvelle, pourquoi ?
Parce que les gains de productivité ont deux effets sur l’emploi, l’un positif, l’autre négatif. Le premier est l’amélioration de la compétitivité coût, qui permet de garder ou de conquérir des marchés, donc de maintenir ou développer l’emploi (en le détruisant ailleurs, mais ce n’est pas ici la question). Le second est la productivité la capacité à produire autant en moins de temps, donc avec moins de personnes, ce qui est négatif pour l’emploi à production constante, et ne peut devenir positif que s’il y a une croissance de la production supérieure à celle des gains de productivité. L’effet sur l’emploi résulte de l’addition de ces deux effets, et non d’un seul.
Ce résultat varie selon les structures de production, il peut être positif dans certains pays et à certaines périodes, négatif à d’autres. Il a ainsi été positif aux Etats-Unis entre 1975 et 2000, puis négatif jusqu’en 2014. Il a été neutre en Grande-Bretagne sur la période 1975 – 1992, puis positif sur la période 1993 – 2011. En général un effet positif s’accompagne de la création d’emplois de basse qualification (services dans les commerces pour les Etats-Unis) ou peu payés et très flexibles (contrats zéro heure en Grande-Bretagne). En France, la production a été multipliée par 2,2 entre 1975 et 2013, l’emploi n’a été multiplié que par 1,2, et le taux d’activité, qui mesure la part de la population en âge de travailler qui occupe un emploi a baissé, de 66 % à 64 %. La hausse des gains de productivité a réduit la capacité à trouver un emploi et le chômage a augmenté. Il faut donc diminuer la productivité.
Ceci va de toute façon être nécessaire face aux enjeux énergétiques et climatiques. Nous ne pourrons pas remplacer notre dépendance aux énergies fossiles uniquement par des énergies dites renouvelables, et dont la source est renouvelable (soleil, vent, biomasse…) mais pas les équipements les nécessaires à capter et transformer cette énergie. Il nous faudra mettre de nouveau la main à la pâte, utiliser des outils à basse consommation d’énergie (les low tech, Philippe Bihouix), en d’autres termes, passer de l’huile de roche à l’huile de coude.
Je ne suis pas un spécialiste mais j’ai un constat évident depuis la trentaine d’année de vie d’une Société dont je suis un dirigeant en plus :
1- prédominance de la financiarisation sur le métier … absence de qualite ( malgré ce dont se gargarise en 2- ci-dessous !! Et d’inventivité des salariés de ce fait …
2- on » controle Tout » Avec notamment la main mise des services informatiques sur Tout qui figent tout … temps passés x 2 à faire une chose en 10 ans du fait de la digitalisation aussi bien de production de services intellectuels ( mon cas ) Que De l’administratif ( cadres de moins en moins considérés et » contrôlés à outrance » = perte de motivation et d’inventivité aussi
Les USA considèrent que les procédures ( qui contrairement à leur nom ne sont pas de la qualite car sans obligations de résultats !! Coûtent 1,5 points De PIB … en augmentation.
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