Lectures écolos, le zoo de Mengele

Le zoo de Megele, roman norvégien de Gert Nygardshaug (éditions J’ai Lu), a été traduit en français au printemps 2014. Un roman attachant, qui met en scène l’aventure d’un enfant, Mino,  devenant adulte, de la forêt amazonienne de son enfance à la lutte au niveau mondial contre les attaques à son milieu natal. La référence à Mengele fait un parallèle entre la conception des nazis qui séparaient les Hommes en deux catégories par les nazis, ceux sur qui l’on pouvait faire des expérimentations et les autres, et la conception des dirigeants des sociétés occidentales ou multinationales qui séparent les Hommes entre ceux qui consomment des biens industriels et ceux qui vivent dans la jungle, que l’on peut chasser et assassiner sans aucune considération. La famille de Mino, qui s’opposait à la destruction de son milieu de vie, a été éliminée par des hommes de main d’une entreprise pétrolière. Mino se lance avec quelques amis dans l’assassinat de ces dirigeants, tout autour du monde. Ce n’est évidemment pas une solution, ce que l’auteur du roman laisse apparaître au long du récit. Mais ce n’est pas plus une solution de laisser faire. Ce roman ne peut que soutenir nos propres engagements, moins violents, à résister à la destruction de notre nature, de la création.

C’est l’occasion de rapprocher ce roman de deux autres récits tout aussi violents mais d’orientations différentes. Le parfum d’Adam (Jean-Christophe Rufin, 2007), plus connu, est un roman typique et caricatural du courant de l’écologie radicale qui considère l’Homme d’abord comme un prédateur. La libération des animaux de laboratoire est l’objectif d’une bande de militants pour lesquels la fin justifie les moyens.

La femme automate (roman italien de Paolo Bacigalupi, 2012) décrit le monde d’après l’effondrement énergétique. Dans ce monde tout fonctionne à l’énergie humaine, les usines comme les transports. Les manipulateurs génétiques ont fabriqué des monstres humains pour remplacer les machines; les plantes et leur patrimoine génétique sont devenus un enjeu géostratégique prioritaire.

Mais la relation à notre mère nature n’est pas toujours aussi violente ou vengeresse. Dans le film japonais récent Still the water  (Naomi Kawase, 2014) les sentiments d’un jeune garçon dont les parents se sont séparés et le déchirement des vagues et du vent se répondent de façon si intime que l’Homme et la nature ne font plus qu’un. Dans ce film les hommes parlent peu, les forces naturelles expriment les douleurs, tensions ou apaisements.

Révolte contre la destruction de la forêt ou les animaux de laboratoire, prospective noire ou récit sentimental, quatre récits, quatre manières d’aborder les enjeux écologique, qui en disent autant – sans les remplacer – que toutes les études publiées jour après jour.

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