Reprise de la Lettre d’information de Lutte et contemplation Juillet 2025
La rétention administrative consiste à maintenir dans un lieu fermé une personne étrangère qui fait l’objet d’une décision de renvoi du territoire français, dans l’attente de son départ forcé, pour une durée maximale de 90 jours. La durée de séjour moyen y est actuellement de 33 jours.
(Rapport de la Cimade 2024) Quel genre de société prive de liberté des hommes et des femmes uniquement en raison de papiers ? Rappelons que cette mesure d’enfermement en CRA n’est pas une peine liée à un quelconque délit ou crime, mais uniquement la conséquence d’un statut administratif. L’état a lancé le projet de construction d’un centre de rétention administrative à Nantes de 140 places, qui devrait voir le jour en 2027. Ce centre se situera près de la maison d’arrêt en périphérie est de Nantes. Il s’inscrit dans une politique nationale d’augmentation des places dans les centres de rétention administrative (CRA) pour atteindre environ 3000 places en 2027 sur tout le territoire contre 1870 places en 2023. L’Etat va allouer 240 millions d’euros sur 4 ans pour construire de nouveaux CRA. Cet argent serait mieux employé pour accueillir dignement les personnes migrantes. Le Sénat a par ailleurs voté en mai 2025 une loi pour sortir les associations des centres de rétention administrative. Si elle est adoptée par les députés, les 5 structures aujourd’hui présentes dans les CRA de France seraient remplacées dans leur mission d’assistance juridique par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), un organisme sous tutelle du ministère de l’intérieur. Il n’y aurait donc plus de regard exterieur à l’interieur des CRA. Le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau affiche également sa volonté de passer de 90 jours de détention maximum à 210, soit plus de 6 mois de privation de liberté pour des personnes dont le seul crime est d’être nées ailleurs. Les CRA ont été créés par la loi du 29 octobre 1981. La durée maximum de séjour était alors de 7 jours. Enfin, notons l’inefficacité de cette politique au regard de l’objectif qu’elle prétend remplir : en 2024, 39% des personnes retenues ont été expulsées, dont 27% seulement vers un pays hors UE. (Rapport de la Cimade 2024) Nous sommes opposé.e.s à la construction d’un CRA à Nantes et ailleurs. Nous sommes résolument convaincu.e.s qu’enfermer les gens de plus en plus et de plus en plus longtemps n’est en aucun cas une solution et fait honte aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité de la France. Notre société peut et se doit d’accueillir dignement les personnes exilées. Depuis 2007, à l’initiative des frères franciscains de Toulouse, des hommes et des femmes de tous horizons et de toutes sensibilités, se retrouvent une fois par mois pour former des cercles de silence. Ils se sont essaimés partout en France et même à l’étranger. Aujourd’hui il en existe encore 70 actifs ! Objectif ? Rendre visible l’opposition à cette politique de détention, interpeller et faire réfléchir les passants, dans une démarche humble, qui ne prétend pas avoir solution à tout mais démontre le souhait de placer l’humain au centre de la réflexion. Nous vous recommandons le documentaire « Cercles de Silence » de Gil Le Corre qui raconte cette histoire. A Nantes, en lien avec les partenaires chrétiens et laïques, nous nous lançons à notre tour pour mettre en place un cercle de silence mensuel dès le retour des vacances d’été !