L’avenir des services publics est en question, l’État ne peut plus financer des besoins qui vont croissant, que ce soit dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la justice (et les augmentations du budget ont surtout servi aux cours des dernières décennies à financer les aides aux entreprises, pas les services publics, voir L’État droit dans le mur),
La croissance des besoins s’explique assez facilement, dans le domaine de la santé la population vieillit et les techniques médicales perfectionnées sont coûteuses; dans le domaine de l’éducation et de la formation continue l’évolution des technologies induit une demande de compétences de plus en plus importantes et actualisées; dans le domaine de la justice, la complexification du droit d’une part, le délitement des relations sociales d’autre part, encombrent les tribunaux et les prisons.
En animant un atelier deux tonnes pour simuler la diminution possible de notre empreinte carbone, on arrive au constat qu’après avoir diminué notre empreinte dans les secteurs du transport, de l’habitat et de l’alimentation, le poste le plus important est celui des services publics (1,5 tonne équivalent CO2). Comment le diminuer, sachant que les émissions de ces secteurs sont très liées au nombre de personnes au travail ?
Le débat sur l’intérêt de l’anarchie (l’ordre sans le pouvoir) comme alternative à la démocratie représentative visiblement en voie d’épuisement, pose la question de savoir comment vider le pouvoir de sa capacité d’agir, de sa puissance, sachant que la lutte violente n’est pas une option.
Ces deux questions convergent vers une réponse commune : en diminuant le périmètre d’action de l’État, son budget, donc en diminuant le périmètre des services publics.
Il ne s’agit pas évidemment de soutenir une politique d’austérité, et il est primordial que cette évolution se fasse avec justice en portant attention aux plus pauvres. Notre hypothèse est de reprendre les propositions d’Ivan Illich sur la réintégration des activités vernaculaires dans la vie quotidienne de chacun. Que nous prenions de nouveau en charge la santé de nos proches (et de nous-mêmes), l’éducation de nos enfants et la formation des adultes, la sécurité nos quartiers.
Cela prendra du temps à chacun, nous devrons arbitrer entre temps de travail productif et salarié, et temps affecté à ces activités vernaculaire. Réduire le temps de travail des personnes payées autour du SMIC ne devrait pas entraîner de baisse de revenu, c’est donc toute la répartition des salaires qui est à revoir.