Collectif Anastasis, Urgence évangélique, Parole et Silence, 2025.
Ce petit livre est un manifeste, un appel à débattre d’une théologie politique et de nos pratiques pour un monde plus juste. Un texte court mais bien structuré, en quatre chapitres : La destruction du monde par le capitalisme, Le danger de la christianisation du fascisme, Quelle théologie politique, Une foi sans frontière.
Du premier chapitre je retiens les trois vecteurs de l’origine du capitalisme : la science économique qui a permis la gouvernance par le nombre (Supiot), l’esclavagisme qui a permis l’accumulation primitive du capital (comme dirait Marx), l’industrialisation par la technique (voir Ellul) qui a ouvert l’exploitation des énergies fossiles. La séparation capital/travail est justement dénoncée, mais j’aurais ajouté que c’est cette séparation qui explique notre addiction à la croissance, puisqu’un capitaliste a besoin pour vivre que son capital augmente chaque année.
Le lavement des pieds adapté en cirage de chaussures lors d’une manifestation illustre parfaitement la pratique d’Anastasis : vivre l’Evangile aujourd’hui.
Enfin le texte dénonce une conception perverse de la liberté qui n’aurait de limite que la liberté de l’autre. Au contraire notre liberté commence là où elle rencontre celle de l’autre, c’est une action produite socialement.
L’erreur du fascisme est illustrée par une citation de la Sagesse : » Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion pour aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. » (Sg, 11,24). Le parallèle entre la sacralisation de la propriété par le capitalisme et la sacralisation de l’identité par le fascisme résume ces deux chapitres.
L’appel à une théologie politique ne fait pas l’impasse sur les dangers de cette option (Carl Schmidt et le nazisme, Charles Maurras, Éric Zemmour, Trump, Tatcher…) mais le texte rappelle que la dimension politique du message évangélique est incontournable, que le Royaume de Dieu se fait ici et maintenant, ce qui est signifié par l’incarnation de Dieu, en citant en particulier la théologie de la libération et rappelant Saint Paul qui annonçait un peuple où il n’y aura plus « ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme » (Ga, 3, 28).
Pour finir, ce manifeste appelle engager le débat. Alors engageons-le !